Il y a des premières lectures qui foudroient.
Lorsque j’ai écouté Au Bord pour la première fois, parce que mon premier contact avec le texte fut une lecture faite par Claudine Galea à Théâtre Ouvert, j’ai été foudroyé.
Le cœur du texte extrait la photo de la prison d’Abou Ghraib, publiée dans le Washington Post, de sa fonction politique évidente, pour rejoindre les probables raisons de pourquoi elle a été prise : l’abus sexuel. Le cœur du texte parle du trouble sexuel de la locutrice devant cette photo de torture et de guerre.
C’est inadmissiblement érotique. Ce n’est pas politiquement inadmissible : on ne soupçonne pas une seconde le texte d’adhérer à des valeurs politiques fascisantes justifiant le traitement infligé à l’homme.
Cette laisse n’est pas mon truc mais le gouffre qu’elle ouvre au bord de l’âme de Galea, oui, ça je connais, ça c’est ma vie : envisager ce qui fait détourner les regards de tous et en faire des spectacles, ou des livres.
Ça aura lieu dans le Ballon parce qu’on aura besoin du chuchotement, de l’intense proximité d’une comédienne seule face au monde, seule contre le monde, les spectateurs. Pas tout à fait seule, une peintre l’accompagne, qui tout le temps du spectacle va décliner en peinture la photo terrible.
Un théâtre de la cruauté, certainement, terrible, doux et humain.
Jean-Michel Rabeux, Janvier 2014
Création
du 31 mars au 15 avril 2014 à la MC93, Maison de la Culture de la Seine-Saint-Denis – Bobigny
Tournée
10 représentations du 3 au 14 mars 2015 Salle Jacques Brel – Pantin dans le cadre du Festival TRANSPantin
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