L'homosexuel ou la difficulté de s'exprimer

L'Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer

de Raúl Damonte Botana, dit Copi

Texte

  • Copi

Mise en scène

  • Jean-Michel Rabeux

Avec

  • Claude Degliame
  • George Edmont
  • Marc Mérigot
  • Michel Fau
  • Céline Millat-Baumgartner
  • Maïté Nahyr (reprise)
  • Stéphane Auvray-Nauroy (reprise)

Scénographie, costumes et maquillages

  • Pierre-André Weitz

Lumière et régie générale

  • Denis Arlot

Assistanat à la mise en scène

  •  Sophie Rousseau

J’avais plus d’argent, j’étais cassé, fin de saison. Et Copi qui revient, qui passe, insensé, en folle perdue, exilé éperdu, fou d’amour pour je ne sais plus qui, avec lui va savoir, sauf qu’amour c’est vaste. Maquillé jusqu’au yeux, barré mais barré, il revenait d’où ? de Rome ? Peu importe, c’était lui, là, fin juin 01. Tous les théâtres étaient programmés. Bon, alors pas dans un théâtre, à côté, il aime bien, à côté. Bon, tous les producteurs étaient productés, alors avec trois fois rien. Il a dit, Copi, qu’on soit ridicules surtout, il a dit obscènes mais gracieux, furieux mais drôles, pas gais. Il était pas sérieux, un peu terrible, un peu désespéré, très amusant, réservé, barré, il s’est barré. Copi.

Jean Michel Rabeux , Août 2001

On s’y est mis vite fait, en trois jours c’était parti avec tout le monde. L’Ermitage a dit okay. Merci Chadli. Degliame dans le rôle par Lavelli proposé il y a quoi ? 25 ans et des pouces, c’est vrai, ça c’est vrai (Par parenthèses hommage à Lavelli). Fau dans Madre parce que Copi l’a écrit pour lui. Mes deux militaires perdues je les connais depuis longtemps, Edmont et Mérigot, la folie, de toutes les sortes, ils craignent pas. Une nouvelle pour Irina, comme on dit des pommes de terre (nouvelles), une gracieuse, une taiseuse, puisque justement paraît-il qu’elle/il a du mal à s’expri quoi ? Merci Milliat. Et puis, pour rien, sauf du talent et des mains, les décors, les costumes, les effets spéciaux très spéciaux. Merci Pierrot. Tout le monde s’y est mis, Minijy, Rousseau Clara, Rousseau Sophie, la Bastille, Gordon Irène, Arlot Denis, Jean-Claude eh oui ! Et qui j’oublie ? Sylvie, Corinne chérie, eh oui, pour rien, sauf les être humains, presque rien. Mais pourquoi ? Pour qui ? C’était si bien Rome, pourquoi rentrer en plein cagnard ? Pourquoi on fait ça ? Pour se faire engueuler par qui ? Pour se faire encenser par quoi ? qu’est-ce que vous croyez ? qu’on sait pas qu’avec des textes comme ça, joués comme ça, c’est à dire joués grotesque, pour ne pas dire raide, chargé pour ne pas dire nu, enfin joué obscène quoi, vous croyez qu’on ne sait pas qu’on va se faire défoncer, ignorer, mépriser, négliger ? Si on sait. Alors quoi ?

Il s’agit peut-être d’une affaire de pureté. Une triviale pureté, une pureté dissimulée avec soin sous la trivialité, l’obscène, la farce, boulevardière ou pas, l’autodérision irrépressible. Il s’agit de la pureté des amours intenses. Définition de pureté : ce qui a de la difficulté à s’exprimer. Ces êtres sauvages s’aiment avec douceur, sans le souci que ça rapporte, si souvent admis dans les amours normales. Ces barbares hors normes sont très gratuits, leurs amours sont sans rendements attendus, sans intérêts capitalisables, sans futurs. Derrière les falbalas des travestissements, les mots grimaçants, les corps grimaçants, les mœurs grimaçantes, les chiottes et autre culs fourrés, derrière l’effroi de la langue coupée, des accouchements impossibles et sanglants, masqué par tout cela, ne pouvant apparaître que surchargé de tout cela, l’amour, blanc comme un linge, immaculé et doux comme la neige, froid comme elle. 

Jean-Michel Rabeux, Août 2001,

Création
Le 24 septembre 2001 au Studio L’Hermitage

Tournée
Au Théâtre de la Bastille – Paris du 15 janvier au 23 février 2002