Le théâtre est le lieu pour l’inadmissible. C’est-à-dire pour la tragédie. J’ai essayé d’écrire une
tragédie, de revenir aux origines du théâtre, aux origines de nos douleurs.
Un des titres provisoires de ce cauchemar a été « or not to be ». Je l’ai abandonné, mais il disait du vrai. Qu’en est-il d’être là, en vie, c’est-à-dire en puissance de mourir ?
La tragédie pose la question à la vie même : es-tu légitime, désirée, valide ? Es-tu voulue ou subie, Ô vie ? Qu’en est-il des géniteurs haïs, ou adorés ? Des enfants haïs, ou trop aimés ? Qu’en est-il
d’Hamlet, de Cordélia, d’Electre ou d’Œdipe ?
La tragédie ne répond pas, elle énonce, avec une implacable appréhension. Ça n’étonnera pas que cette tragédie prenne la forme d’une sorte de procès. Depuis l’Orestie d’Eschyle, on sait que les deux s’entremêlent. D’un côté du rempart de la langue, se tient la folie sauvage, irréductible, de chaque homme, de l’autre, la mise en ordre, sauvage, irréductible, de cette folie par les autres
hommes. Nous tous contre chacun de nous.
Ce qu’on appelle la loi. Nous tous ballottons de l’un à l’autre de ces rivages, l’histoire du théâtre en est la litanie.
Il s’agit de femmes dans ce cauchemar. Elles ont en effet le privilège terrible de donner la vie, c’est ainsi. Les hommes ne peuvent que balbutier devant elles, les creusets. Je balbutie. »
Jean-Michel Rabeux, Août 2009
Création
Le 17 septembre 2009 au Théâtre de la Bastille – Paris
Tournée
Du 5 au 7 novembre 2009 à La Rose des Vents – Scène Nationale Lille Métropole / Villeneuve d’Ascq
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