La belle au bois dormant

La Belle au bois dormant

de Jean-Michel Rabeux d'après Charles Perrault

Texte et mise en scène

  • Jean-Michel Rabeux d’après Charles Perrault

Avec

  • Morgane Arbez
  • Jacinthe Cappello
  • Corinne Cicolari
  • Renaud Triffault (reprise Julien Romelard)

Scénographie

  • Bérengère Vallet
  • Jean-Michel Rabeux

Costumes

  • Sophie Hampe
  • Jean-Michel Rabeux

Lumières

  • Jean-Claude Fonkenel

Son

  • Samuel Mazzotti

Musique

  • Guillaume Bosson
  • Ben Lupus

Assistanat à la mise en scène

  • Geoffrey Coppini

Assistanat à la scénographie

  • Marion Abeille

Coiffures, maquillages et accessoires

  • Geoffrey Coppini

Régie générale

  • Denis Arlot

Régie lumières (en alternance)

  • Denis Arlot
  • Jean-Marc L’Hostis

Régie son (en alternance)

  • Cédric Colin
  • Frédéric Constant

Construction des décors

  • Atelier Devineau

Production

  • La Compagnie,
  • Théâtre Olympia – Centre dramatique régional de Tours
  •  Théâtre de la Croix-Rousse – Lyon
  • Théâtre du Gymnase – Les Théâtres – Marseille / Aix-en-Provence
  • Théâtre de Nîmes scène conventionnée pour la danse contemporaine,
  • La rose des vents Scène nationale Lille Métropole / Villeneuve d’Ascq
  • Avec l’aide aux projets artistiques de l’ADAMI
  • Avec le soutien de L’apostrophe – scène nationale de Cergy-Pontoise & Val d’Oise et la Maison des métallos

Mon ami Perrault prête-moi ta plume

Pour amuser les petits et effrayer les grands, je vais voir chez Perrault que j’aime tant depuis que ma grand-mère me le contait, je lui vole un conte, je le passe au mixeur de mes rêves, et vogue le plateau vers les contrées de l’enfance, celles que je préfère, aussi chez l’adulte, aussi en moi, à vrai dire.

De La Belle au bois dormant il reste beaucoup, le bois, le fuseau, le sommeil de cent ans, les fées, bonnes et mauvaises, et évidemment un prince qui déménage. Mais aussi la marmite remplie de serpents, et la très méchante ogresse. En effet le titre fait souvent oublier que le baiser qui réveille du sommeil magique n’est que le début du conte.

Le pire, bien pire, est à venir, puisque la Reine, mère du prince charmant, n’est rien moins qu’une ogresse qui ne songe qu’à dévorer tout le monde, mais d’abord sa bru et ses petits enfants, ce qui, n’est-ce pas, ne se voit que dans les contes, elle ne songe qu’à se saisir de son fils comme époux pour pouvoir engendrer des petits ogres. Bref, une maman très sympathique. Elle finira dans sa marmite, comme chez Perrault. Mais tout est bien qui finit bien, of course, puisque la dévoreuse et les dévorés ressuscitent pour se lancer dans une danse endiablée. Le happy end est garanti. Le désespoir est lui secret et réservé aux adultes…

Jean-Michel Rabeux, Septembre 2011

je m’amuse à mélanger les temps, à moderniser tout en conservant le passé, à entrechoquer les époques, les langages, les costumes, les moyens de locomotion, évidemment les fées se déplacent en dragon, mais les princes en skate, et la Reine en talons aiguilles. C’est une Reine de l’économie, ogresse du dollar, Princesse de Montreust, qui veut dévorer tout le royaume parce qu’elle est de la grande famille des Montreust, ogresses de mère en fille. Le dollar va-t-il l’emporter ? Le Prince est-il ogre lui-même, puisque fils d’ogresse ? Suspens, suspens !

Je m’amuse à frôler d’autres contes familiers, ou d’autres mythes, comme on préfère. Les Atrides ne sont pas loin, avec un fils qui doit tuer ou ne pas tuer sa mère. À Blanche Neige, j’ai volé le Chasseur qui, du fond des bois, rapporte le cœur palpitant de la Belle. La Barbe bleue est là également, avec des cadavres plein les caves, et Peau d’Âne, avec une mère qui songe très sérieusement à épouser son fils, bref, rien que du bonheur familial. Comme d’habitude, la famille est une très heureuse institution pour qui veut s’amuser de nos ridicules tragi-comiques.

Le décor c’est un arbre, un seul, mais grand, ses ramures font tout le plateau. C’est un arbre à plusieurs faces. La première est noire comme une forêt la nuit, où les enfants ont peur de se perdre, une forêt où on s’endort pour toujours, nichée dans un creux d’arbre noir, une forêt pour mourir ?

Mais non, dans les contes on se réveille de la mort, c’est ça qui est bien, alors l’arbre tourne sur lui-même et offre son autre face, colorée et joyeuse.

Il se déplace au rythme du voyage initiatique et tumultueux que représente la forêt à parcourir. Il avance jusqu’à amener ses branches au dessus des spectateurs, recule jusqu’au lointain. A lui tout seul il est l’effrayante forêt dont on finit par vaincre la nuit pour rencontrer la clairière et sa source, la vie retrouvée, et, qui sait, l’amour.

L’arbre n’est pas un arbre réaliste. Il est graphique, rude et rigolo, fait de bric et de broc, de ferrailles et de planches, de tuyaux d’arrosage multicolores et de feuilles de polyane qui s’agitent dans le vent. Il est un peu urbain comme arbre, c’est un arbre de banlieue, avec des corbeaux croassant dans ses branches et des branches sur lesquelles on s’assoit pour rêver ou se cacher. Il dissimule un lion en costume trois pièces très PDG, un loup enragé, un faitout grand comme une lessiveuse dans lequel on cuisine les enfants, peut-être.

Comme d’habitude je prends grand soin que la profondeur des thèmes ne soit pas réservée aux adultes, mais que les enfants y soient confrontés. Le conte dit la vie, toute la vie, avec ses beautés, mais aussi ses inadmissibles cruautés, si réjouissantes par ailleurs. Mais nous n’abandonnons pas les enfants aux agissements des méchants qui paieront cher leurs méchancetés. Le désespoir est secret et réservé aux adultes. Pour les enfants le happy end est garanti, mais on a eu chaud.

Jean-Michel Rabeux, Septembre 2015

Création
Le 1er octobre 2015 à L’apostrophe scène nationale de Cergy Pontoise & Val d’Oise

Tournée
122 représentations dans 29 lieux entre 2015 et 2018 dont :
– 82 représentations dans 17 lieux en 2015-2016
– 25 représentations dans 7 lieux en 2016-2017
– 15 représentations dans 5 lieux en 2017-2018

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