Emmène moi au bout du monde !...

Emmène-moi au bout du monde !...

de Blaise Cendrars

Texte

  • Blaise Cendras

Adaptation et mise en scène

  • Jean-Michel Rabeux

Avec

  • Claude Degliame

Lumières

  • Jean-Claude Fonkenel

Décors et costumes

  • Pierre-André Weitz

Assistanat mise en scène

  • Sophie Rousseau

Coproduction

  • Le Maillon –Théâtre de Strasbourg
  • Théâtre de l’Agora – scène nationale d’Evry et de l’Essonne
  • La Compagnie

Claude Degliame et moi sommes depuis toujours amoureux de Cendrars, sa vie son œuvre, inséparables. Ce spectacle, c’est l’amour que nous lui portons. Les quatre premiers chapitres de Emmène-moi au bout du monde !…, que nous utilisons avec des coupes naturellement, mais sans ajout de notre part, chantent avec un humour ravageur l’art du théâtre et, plus précisément, l’art de l’interprète. Comment il s’entremêle avec la vie. Et pour entremêler l’art et la vie, Cendrars s’y connaissait plutôt bien.

Nuit agitée pour une vieille, vieille actrice – soixante dix-neuf ans et beaucoup d’excès – dans le Paris d’après-guerre. Quand ça commence, « elle est sous presse » avec un légionnaire. Possédée. Emmène-moi au bout du monde. La vieille femme perd son dentier, prend des gnons. C’est cru et drôle, vraiment drôle. Ridicule, grandiose. De l’hôtel borgne, elle sort à l’aube dans la rue. C’est aux Halles. Dans une vitrine de boucherie, au milieu des têtes de veaux, elle se voit hagarde, l’œil poché, monstrueuse, monstre qu’il va falloir sacrer à la répétition où elle court, en retard évidemment. Mais cette nuit d’amour lui a fait trouver son personnage, le visage défait « tragiquement laide ». « La plus grande tragédienne de tous les temps, Thérèse Églantine, s’inspire aujourd’hui du plus haut comique et se moque d’elle-même. » (Blaise Cendrars)

Avec Claude Degliame, nous tentons cette figure baroque, ce monstre sacrément méchant campé par Cendrars. Une fantaisiste allumée par les planches. Avec sourdine, jurons, éclats de voix, œil au beurre noir, costume de reine des chiffonniers. A toute impudeur il faut sa pudeur. Cette gouailleuse impénitente, comme on a oublié par ces jours propres, cette ravageuse est aussi une mystique secrète de l’art, elle apaise le Minotaure, ou bien l’éveille à son gré d’extravagante loufoquerie, de profondeur inattendue.

« J’aime le spectacle. Mais, pauvres humains ! C’est un voyage à sens unique. Drôle de commerce. On ne revient pas. C’est la mort. Un soleil noir. Mais c’est une grande lumière. » (Blaise Cendrars).

Jean-Michel Rabeux, Novembre 2005

Les quatre premiers chapitres de Emmène moi au bout du monde ont été pour beaucoup dans ma compréhension du rapport que j’ai avec le théâtre. Quand je les ai lus, je me suis un peu plus compris, un peu plus admis dans ce va et vient incessant que le théâtre m’impose ou que j’impose au théâtre, entre le secret et le public, le plus profond en moi et la surface du plateau, le plaisir et la terreur, la jubilation du tragique, l’effroi devant la bouche sanglante du clown parce que, les larmes soudain aux yeux dans le noir de la répétition, j’y discerne quelle dévoration de l’amour des hommes ? Ce livre, il y a très longtemps, m’a appris que les monstres – donc moi, donc tout le monde – pouvaient être, au théâtre, sacrés. Il m’a appris ce que je faisais sans le savoir.

Jean-Michel Rabeux, Novembre 2005

Création
16 janvier 2006 au Théâtre de la Bastille à Paris

Tournée

Première exploitation sur la saison 2005-2006 : 44 représentations dans 8 lieux entre janvier et mai 2006, dont 29 au Théâtre de la Bastille en janvier-février 2006

2e exploitation sur la saison 2006-2007 : 39 représentations dans 4 lieux dont 24 au Théâtre de la Bastille en octobre 2006