Vaudeville

Vaudeville

d'après Eugène Labiche, Georges Courteline et Alfred Jarry

Texte

  • d’après « Les Circonstances atténuantes » d’Eugène Labiche, « les Boulingrin » de Georges Courteline et « Chez la Petite Cousine – Chez la Grande Dame » d’Alfred Jarry

Mise en scène

  • Jean-Michel Rabeux

Avec

  • Laurence Fevrier
  • Murray Grönwall
  • Christine Joly
  • Jacques Mazeran
  • Wladimir Yordanoff

Musique 

  • Anne-Marie Fijal

Lumière 

  • Philippe Lacombe

Décor

  • Marc Mérigot

Construction

  • Jean-Claude Wambst

Réalisation

  • Marie-Christine Lacombe
  • Marc Merigot

Assistanat à la mise en scène

  • Igor Oberg

Production

  • Centre d’action culturelles de Cergy-Pontoise
  • Centre d’action culturel « les Gémeaux »  à  Sceaux

« Les circonstances atténuantes » de Labiche, que nous pourrions aussi appeler « l’amour toujours ». IL la croise, l’aime en secret, IL lui sauve la vie incognito, IL la cambriole pour démasquer un prétendant intéressé. ELLE aime ce sauveur apparu par une nuit de tempête, ELLE ne rêve que de lui, ELLE va se marier sans raison à un coquin. Le méchant intéressé est puni, le couple merveilleux réuni. Tout est beau. Rideau.

« Les Boulingrin » de Courteline, ou les mêmes dix ans après. On pourrait dire de cette pièce qu’elle est une scène de ménage et on parlerait d’autre chose. On peut dire aussi que la frénésie qui les prend n’a de cesse de déconstruire la réalité de la scène conjugale. Il s’agit d’un dynamitage méchant par l’absurde des valeurs sûres de l’amour bourgeois. Courteline pousse jusqu’à son terme la logique de la haine, non pas romantiquement, mais saisie par le burlesque. La situation se fait surréelle, presque une mathématique, dont l’hypothèse serait un rire dévastateur. La représentation naturaliste se saborde pour laisser la place à un champ de bataille où rien ne repoussera jamais. Jarry peut arriver.

« Chez la Petite Cousine », scénette très brève de Jarry, que nous appellerions : « Les enfants des mêmes ». Une jeune adolescente, presque encore une enfant, fait croire à son cousin qu’elle vient d’accoucher. L’ambiguïté tient toute la scène. Ne parle-t-elle pas de sa « grosseur », du médecin et de son instrument « comme une espèce de bec de canard en argent qu’il introduit entre ses lèvres » ? Etc. Il s’agit d’une extraction de dent. Les saintes lois de l’enfantement ramenées au non-sens. D’autant que les enfants seront joués par des adultes saisis de régression.

« Chez la Grande-Dame » , du même Jarry, enfin. Ou  » La solitude ». Un fat jeune homme vient demander un service d’importance à une grande dame. Luxe, calme et corps glacés. Le jeune demandeur, d’abord très gêné, se met, chose étrange, à désirer cette femme absolument convenable. La scène c’est le monologue intérieur de la dame qui repère dans ce jeune homme silencieux et respectueux les méandres d’un désir méprisant. « Comment puis-je désirer cette femme vieillie et tellement bourgeoise? » se dit-elle qu’il se dit. Le désir des hommes pour les femmes, elle sait qu’il les laisse abandonnées. Et comme pour elle-même, après que le jeune homme l’ait quittée, lui vient ce vers de Rimbaud (alchimie du verbe) :

« Un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi ».

Musique. Rideau.

Jean-Michel Rabeux, Octobre 1982

Création
Le 2 novembre 1982 au Centre d’Animation Culturelle de Cergy-Pontoise

Tournée
Les Gémeaux, centre d’action culturelle – Sceaux