Les anciens appelaient ça une maladie, ils avaient peut-être raison. Pour le bonheur, il ne vaut mieux pas éprouver cette passion là.
Eux deux ne savent rien du bonheur, ils ne savent que l’impérieuse puissance qui les pousse l’un vers l’autre. Ils se jettent dans les corps l’un de l’autre, et c’est sous peine de mort, et tant pis, et tant mieux. Ils ne savent pas le danger. Ils ne savent pas qu’ils vont en mourir parce que c’est une affaire entendue et que ça n’a pas beaucoup d’importance d’en mourir. Ils ne savent rien. Pas tout à fait, ils sauront très bien se tuer.
La célèbre tragédie, réécrite par mes soins, quoique largement inspirée, comme on dit, se déroulera dans une arène sombre, comme il convient à ceux qui doivent mourir avec certitude. Les mots ne sont plus tout à fait ceux de Shakespeare, l’histoire, oui, avec sa féroce détermination à ce que l’amour fasse la guerre à la guerre. Et la perde.
C’est une tragédie très violente. Le coup de foudre est violent, leur désir est violent, l’oubli de tout ce qui n’est pas eux, ce qui les précède, ce qui s’en suivra, est violent. Et cette impérieuse âpreté qui caractérise leur passion va très violemment se cogner aux murs de haines d’une ville en guerre, où des snipers règlent leurs comptes, où ce n’est pas le moment de trahir son clan. Et, justement, leurs clans, ils s’en foutent.
C’est sûr, ils vont mourir.
Jean-Michel Rabeux, Décembre 2012
Création
le 11 janvier 2013 à la MC3 – Bobigny
Tournée
Du 3 au 5 avril 2013 à la Scène nationale de Petit-Quevilly – Mont St Aignan
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