L'orang outan bleue

L'Orang-outang bleue

de Jean-Michel Rabeux

Texte et mise en scène

  • Jean-Michel Rabeux

Distribution

  • Pauline Jambet

Assistanat à la mise en scène

  • Vincent Brunol

Lumières

  • Jean-Claude Fonkenel

Régie son

  • Quentin Degris

Costumes

  • Sophie Hampe

Production

  • La Compagnie

C’est l’histoire d’une Orang-outang problématique, puisqu’elle est née bleue. Sa mère la rejette, une éléphante la nourrit et l’élève. Elle tente alors de rejoindre sa horde, qui la tabasse tellement fort qu’elle se met soudain à parler en langue humaine, c’est l’arme magique qu’elle invente sans le faire exprès pour effrayer ses congénères déchaînés. Ce miracle fait fuir les singes, mais il attire les hommes. Ils l’emprisonnent et font d’elle une animale de foire : une orang-outang bleue et qui parle l’humain, quelle bonne affaire ! Grâce à une enfant, après mille mésaventures, elle finira par se sortir des pattes de tout le monde pour vivre tranquillement sa vie d’Orang outang, fût-elle bleue.

Jean-Michel Rabeux, Août 2020

Par manière plutôt comique ce conte aborde des thèmes qui me sont très chers. C’est quoi une couleur de peau, une couleur de poil ? C’est quoi une horde, une communauté, une famille, une mère ? C’est quoi l’argent, la rapacité ? A quel prix devient-on riche ? Pour quel poids de chair ? Et puis aussi, c’est quoi une fille? On ne dit jamais UNE orang-outang, c’est toujours UN, c’est toujours mâle. Comment on se dépatouille de la violence quand on est une fille ? Comme une fille ou comme un garçon ? Fille ou garçon, comment on se dépatouille de la cupidité incompréhensible des humains ? De leur cruauté ? Et c’est quoi un humain ? C’est quoi un animal ? C’est quoi moi ? C’est quoi ma morale ? Mon respect des autres ? De moi-même ?

Et bien sûr, tout ça en riant !

Le spectacle est une façon de stand-up pour le texte, de clownerie pour le corps. L’actrice est toute couverte d’une magnifique fourrure bleu pétant, elle sait parler l’éléphant, elle joue du tam-tam, elle se gratte les fesses comme une singe, rugit comme une lionne, danse comme une gazelle. Elle parle cru parce que rien n’amuse plus les enfants que cette transgression des règles de l’École, que seul le Théâtre leur accorde. Tout est fait pour les faire rire, j’aime tellement les entendre éclater, hurler en trépignant de rire sur leurs sièges. Évidemment ça se terminera bien, on a envie qu’ils soient heureux. Par les temps qui courent ça tombe bien.

Toute la théâtralité du spectacle se condense dans la personne et le jeu de l’actrice.

On appelle ça du théâtre avec texte. Et comment ! Oui, oui, des mots sont écrits, pré-écrits. Allo, allo, je répète : un texte est là, un texte est là… Les mots valsent d’une langue à une autre, celle d’une stand upper, celle d’une conteuse déjantée, d’une voyageuse dans l’impossible, d’une clown du grotesque qui lâche un pet inapproprié et joyeux, d’une poétesse mélancolique qui lâche une pensée inappropriée et douloureuse. A bas les mères abandonneuses, nom d’un chien ! A bas les clans, les hordes, les quartiers totalement crétinisés de testostérone !

Pour que ce texte vive, il faut seulement une interprète. Mais une véritable. Savante et joueuse. On appelle ça une actrice. Savante en son art, elle a intérêt à l’être, parce que tout le spectacle repose sur ses frêles épaules. Elle est posée comme une fleur bleue sur le plateau, et elle cause avec tout plein de mots plus entraînants les uns que les autres parce qu’ils sont proférés par de la chair, du sang et une insolence transcendantale. C’est simple à regarder, encore plus à entendre, donc c’est très difficile à faire. Il faut une actrice aussi perfectionnée qu’un cutter à trois lames puisqu’elle est à la fois la mise en scène, les coups de théâtre, les décors avec volcans, jungles, océan, les vidéos avec animales escaladant des gratte ciels, elle est l’éléphante gentille, les chasseurs assoiffés de dollars, les poissons et les capitaines de porte avion. Elle est à elle seule une super production, quoi, et tout ça avec rien dans les mains, rien dans les poches. Rien de rien. Si ! Un costume. Majuscule et tout bleu. Mais bleu… bleu !!!

Comme toujours, parce que c’est ça le théâtre que j’aime, tout part d’elle, l’actrice, tout y revient. Mais cette fois la reine est nue (c’est une métaphore, ne vous inquiétez pas) : elle n’a qu’elle-même pour happer les têtes enfantines, et les emmener rêver à un monde meilleur. Quelle menteuse !

Jean-Michel Rabeux, août 2020

Création
 Le 28 septembre 2020 au LoKal – Saint-Denis

Tournée
98 représentations sur 3 saisons de 2020 à 2023, dont :
– 29 représentations dans 7 lieux en 2020-2021
– 57 représentations dans 12 lieux en 2021-2022
– 12 représentations dans 2 lieux en 2022-2023.

Photos

Autour du spectacle

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