L'indien

L'Indien

de Jean-Michel Rabeux

Texte

  • Jean-Michel Rabeux, d’après des paroles indiennes

Mise en scène

  • Jean-Michel Rabeux

Avec

  • Miloud Khetib
  • Georges Edmont
  • Cyrus Hordé

Lumières

  • Jean-Claude Fonkenel

Décor

  • Jack Dubus

Musique

  • Cyrus Hordé

Costumes et masque 

  • Marcelle Maillet

Assistanat à la mise en scène

  • Sylvie Reteuna

Coproduction

  • La Compagnie
  • La Rose des Vents – Villeneuve d’Ascq

Remerciements au Théâtre de la Cité Internationale

Avant l’arrivée des Européens les deux Amériques comptaient une population estimée à 75 millions d’habitants. On y parlait plus de 2 000 langues, un réseau complexe couvrait la totalité du continent nord-américain reliant entre elles une myriade de cultures et de civilisations florissantes.

Selon certains démographes quelques 50 millions d’Indiens d’Amérique du Nord et du Sud avaient déjà péri dès le début du XVIIe siècle, victimes des guerres, des maladies, de l’esclavage et de la brutalité des Blancs. À la fin du XIXe siècle la population indienne des États-Unis était tombée à 250 000 âmes.

J’ai inventé un Indien, un porteur de paroles, porteur de magie. J’ai volé des mots indiens rapportés, consignés par les Blancs avec quelles trahisons déjà ? Depuis le XVIIème siècle, des traces de pensées qui toutes disent non à ce prédateur sans précédent qu’est l’homme blanc. Avec douceur, cruauté, avec ruse, magie, naïveté, elles disent non. Ce non me va d’être encore à ce point nécessaire partout sur la Terre, c’est plein d’indiens noirs gris rouges jaunes, d’indiens blancs qui dérouillent parce que de pensée, il doit n’y en avoir qu’une, comme il n’y a qu’un dieu pour les Chrétiens.

Cet Indien commande aux éléments, fait pleuvoir, fait neiger, allume les feux en dansant, il rit, il chante, se moque avec douceur du Blanc. Il rêve, se met en colère, il fait silence. Il sait qu’il va mourir. Il nous intéresse parce que nous savons qu’il va mourir.

Il est à notre image avec certitude. Sa mort indispensable nous la célébrons par les rites du théâtre qui le font beau pour nous qui l’exécutons depuis un bon bout de temps déjà et continuons à l’exécuter avec tranquillité et poésie, à travers le monde, tiers ou quart, là où nous ne sommes pas nés, où survivent les Indiens de toutes les couleurs.

Jean-Michel Rabeux, Janvier 1996

Création
Le 12 mars 1996 à La Rose des vent

Tournée
Poitiers, Liège, Mons, Théâtre de la Bastille – Paris, Amiens