Le travail du plâtre

Le Travail du plâtre

Spectacle sans texte de Jean-Michel Rabeux

Interprétation

  • Jean-Daniel Paris
  • Axel Bogousslavsky (reprise)
  • Laurence Déjardin
  • Jacques Dubus
  • Georges Edmont
  • Kate France
  • Patrick Lerch
  • Christophe Malaval
  • Marc Mérigot
  • Sylvie Reteuna
  • Anne Rotger

Décor

  •  Jack Dubus
  • Marc Mérigot
  • Jean-Michel Rabeux

Lumière

  • Jean-Claude Fonkenel

Musique originale

  • Christophe Malaval
  • Kate France

Assistanat à la mise en scène

  • Sophie de Ratuld

Coproduction

  • La Compagnie
  • La Nacelle – Aubergenville
  • Groupe des 20 (Lyon)
  • Avec la participation de la DRAC Île-de-France

Lorsque débute le spectacle le plateau est nu, sombre et propre.
Entrent dix hommes et femmes qui montent un échafaudage de lourdes barres de fer, de grillages, de plaques de tôle. Puis ils gâchent du plâtre, le projettent contre cette structure de ferraille, le lissent, de telle sorte qu’ils construisent un mur, un beau mur blanc sur toute la largeur de la scène.

Sur ce mur ils peignent une fresque représentant une foule humaine. Les personnages peints sont très grands, alignés et nus. Ils regardent le public. La fresque à peine terminée, trois grosses boules d’acier partant des cintres viennent en balancier s’écraser contre le mur qu’elles éclatent et abattent. juchés sur les déchets de leur œuvre les protagonistes se mettent à jouer une fanfare entrainante. Puis ils évacuent les débris, les gravats, ils nettoient le plateau.
A la fin du spectacle le théâtre est nu de nouveau, sombre et propre. Dix hommes et femmes peuvent le lendemain recommencer leur travail éphémère pour qu’il soit détruit. Qui sont-ils ces hommes de plâtre, sinon vous aux prises avec la vie qui glisse comme le plâtre entre nos doigts ?
Ils se cassent la figure, le nez dans les auges, le cul dans les seaux, ils se coincent les doigts, s’écrasent les orteils, ils se donnent un mal de chien, mais pourquoi ? Pour rien ? Tout comme vous.

Ils se couchent pour mourir, de leurs barres de fer, ils font un catafalque, de leur fatigue une procession pour célébrer leurs morts. Mais quand ils croient leur vie finie, elle repart de plus belle et les morts se relèvent, mettent les pieds dans les bassines de peinture, jouent de la clarinette et se remettent au boulot. Parce qu’on est des hommes, nom de Dieu, et qu’il faut bien faire quelque chose de cette vie pour notre dignité d’homme, nom de Dieu !
Alors les poudreux, les enfarinés, les dégoulinants vont se faire artistes et narguer Dieu en peignant des hommes à leur image.
Leurs corps vont apparaître et leur liberté.
Pas pour longtemps, comme la vôtre de liberté, pas pour longtemps.

Dieu n’aime pas être nargué et patatras. Et comme on est en France, doux pays etc… tout finit par une chanson.

Jean-Michel Rabeux, Octobre 1992 

 

Il s’agit d’un spectacle conçu à partir d’un thème, et directement réalisé sur le plateau, non préécrit, un peu à la manière des danseurs.

C’est un spectacle sans texte, sauf un, très court, à la fin.

C’est donc un spectacle visuel, où l’image compte énormément, mais c’est bel et bien du théâtre, car les images ne sont que le fruit de situations dramatiques porteuses de sens, d’émotions, d’incertitudes.
La musique est très présente, puisque deux des acteurs sont des musiciens à part entière, et qu’ils jouent sur le plateau. Ils ont écrit une musique originale, qui se répartit soit en « live », soit enregistrée.

Je ne suis pas peintre, mais depuis toujours je ne peux pas me passer de la métaphore ou de la réalité de la peinture dans mes spectacles. Le but de ces dix hommes et femmes est ici la réalisation effective d’une fresque, mais celle-ci est précédée de « tentatives de fresques », cette fois-ci à partir de leur corps même. instantanés de fresques, parodiques, ridicules, terribles, terriblement ridicules.

Je ne suis pas mort, mais depuis toujours, dans mes spectacles, la mort est fréquente. Elle n’y manque pas dans celui-ci, se confondant avec la peinture qui la représente pour la déjouer, comme le spectacle le fait en son entier d’ailleurs. Ca pourrait aussi s’appeler : Se jouer de la mort.
Le spectacle se joue sur deux rythmes : une lenteur répétitive d’une part, et une énergie, une activité, un entrain d’autre part. Il commence très lent, par une sorte de procession mortuaire, et puis les deux rythmes s’alternent jusqu’à la fin.

Jean-Michel Rabeux, Octobre 1992

Création
Le 6 novembre 1992 à la Nacelle – Aubergenville 

Tournée
Théâtre de la Bastille, Groupe des 20, Chatillon, Pavillons sous bois, Brétigny, Nancy, Colmar, Villeneuve d’Ascq