Toutes les femmes aiment Marta, tous les hommes sont amoureux d’elle. Mais elle vit seule, Marta, elle ne se marie pas. Sa passion c’est de marier ses amies, et ses amis. Par quel mystère ? Elle est pourtant la plus belle, la plus intelligente, la plus cultivée, élégante, séduisante, et la plus douce en même temps, toutes choses qui ne vont pas forcément ensemble.
Ainsi les désirs rampent autour d’elle, les fureurs, les jalousies.
Un homme surtout veut tout détruire de ce qui l’entoure puisqu’il ne peut la posséder. Mais Marta qui voit tout ne retient rien. Marta est ailleurs.
Ca commence léger, presque mondain – bourgeoisie romaine des années 20- mais la trame se tisse, se resserre, se noue sur la gorge, dans une efficacité dramatique rarement atteinte, jusqu’au coup de théâtre, coup au cœur.
Ce pourrait être un mélodrame, si Pirandello ne le dessinait avec tellement de retenue, de masques divers, de secrets, de violences dissimulées, de nostalgies incompréhensibles. Sous les rôles que s’assigne chacun, une folie dangereuse couve, transparaît, se retient. Une femme ne veut pas, vraiment pas, se satisfaire de l’ordre familial médiocre que lui propose un monde saisi par Mussolini et son cortège de bouffonneries viriles. Qui est fou ? Marta qui ne veut pas des hommes, ou bien ce monde là ? Comme toujours Pirandello ne conclue pas, seules les questions restent, suspendues au bord du vide.
Jean-Michel Rabeux, Janvier 1990
Création
Le 21 février 1990 à la Maison de la Culture de Bourges
Tournée
L’Athénée Théâtre Louis-Jouvet -Paris, Centre d’action culturelle de Cergy-Pontoise
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