La Double Mort d'un criminel ordinaire

La Double Mort d'un criminel ordinaire

de Breyten Breytenbach

Texte

  • Breyten Breytenbach

Traduction

  •  Jean Guiloineau

Mise en scène et interprétation

  •  Jean-Michel Rabeux

Assistanat à la mise en scène et décor

  • Marc Mérigot

Production 

Théâtre des Arts – Cergy Pontoise

Nous n’avons retrouvé aucune trace écrite de moi ou de qui que ce soit à propos de ce spectacle. Breyten Breytenbach, auteur sud africain blanc, a passé huit ans dans les prisons de l’apartheid, sous menace d’être exécuté. Il a écrit ce texte lumineux et terrible qui illumine cette partie de sa vie, qui illumine bien d’autres choses, l’Afrique, l’Homme, son âme, sa pensée, sa résistance. Il dévoile en expert la cruauté politique de la Police et la Justice de l’apartheid, sa bêtise insondable, son racisme triomphal et tranquille. Breyten Breytenbach est un expert éclairé des certitudes idéologiques, elles l’ont piétiné pendant huit ans. 

Il était un homme d’une douceur merveilleuse, d’une merveilleuse beauté. Je n’ai plus guère de souvenir du spectacle dans lequel je jouais seul le rôle d’un prisonnier en grand danger de désespoir et qui s’envolait dans les cintres à la fin, mais j’ai un très fort souvenir de son sourire et de son embrassement après la représentation. Je ne l’avais jamais rencontré auparavant, il était déjà en voyages permanents à travers le monde, mais il était venu nous voir à Cergy-Pontoise.

Une anecdote : mon personnage (lui en prison) se tenait dans une cellule dont le mur du fond était un tulle :  éclairé par devant il figurait un mur de prison, par derrière une Afrique à l’horizontal apparaissait jusqu’au lointain. Mon ami Marc Mérigot avait peint sur un contreplaqué vertical un enfant africain qui dansait, immobile, sur le continent. La figure était à quoi ? 10, 15 mètres tout au plus des spectateurs (c’était une petite salle) et elle mesurait 70 cm de haut. Un soir après le spectacle une spectatrice est venue me demander où était donc le jeune garçon qui jouait le danseur. Merveilleuse naïveté des spectateurs. J’adore aussi me « faire avoir » quand je vais au théâtre.

J’ai aimé jouer ce « noir albinos » comme se nomme Breytenbach dans un autre de ses livres. Nous n’avons joué qu’une semaine, mais devant des salles pleines grâce à Jean-Marie Hordé qui en était le producteur. Après la représentation Jean-Marie et moi allions boire un verre Place de La République au Thermomètre, un café-resto de nuit où allaient les acteurs de cette époque, tous entraînés par Philippe Clévenot qui n’habitait pas loin et qui savait ce que boire veut dire.

Jean-Michel Rabeux, Janvier 2024

Création
Le 6 Mars 1985 au Théâtre des Arts de Cergy-Pontoise