Le LoKal
es activités de La Compagnie ont toujours été traversées par des logiques d’expérimentation, d’innovation et de solidarité professionnelle.
Ces logiques sont aujourd’hui accentuées par le LoKal dont nous disposons à Saint-Denis.
Nous souhaitons expérimenter un espace et du temps de travail et de recherche en dehors du monde de marché dans lequel nous évoluons. Nous voulons explorer la fin de la mise en concurrence des jeunes et des vieux artistes, des compagnies labellisées ou pas, des hommes et des femmes, décloisonner les champs artistiques et croiser des projets et des personnes.
Le projet
Le souci de soi ça veut dire le souci de l’autre, et vice et versa. Au théâtre on sait ça très bien, avec notre besoin impérieux de la présence physique de cet autre qu’on appelle le public. On sait bien, avec Foucault, qu’inventer le soi c’est inventer l’autre.
Voilà ce qu’on se disait avec Clara Rousseau, en discutant sur l’usage de notre LoKal : rendre possible l’autre. Ce n’est après tout que le prolongement de ce qu’on fait depuis toujours à La Compagnie : discuter âprement avec l’autre. La discussion n’est pas altruiste, elle serait furieuse plutôt, une machine endiablée, parce que l’autre nous fait, comme à vous je suppose, bien des soucis.
Le souci de l’AUTRE : les metteuses, metteurs en scène.
Le LoKal, la machine principale pour endiabler et dé-diaboliser les metteuses et metteurs en scène en devenir ou devenus
• Offrir de l’espace pour essayer
Au théâtre, contrairement à la littérature, il faut disposer de moyens pour pouvoir seulement commencer à rêver, mais pour disposer de moyens il faut avoir montré des coups d’essai, mais pour pouvoir montrer des coups d’essai, il faut disposer de moyens. En gros pour disposer de moyens il faut disposer de moyens.
Ça s’appelle un cercle vicieux, ou une injonction impossible. Ça rend fou.
Le LoKal essaie, très modestement (avec une prétention totale) de rompre ce cercle dit vicieux qui fait tourner en bourrique tout le monde. Tout le monde se brise les membres pour parvenir seulement à ça : occuper un espace de travail. Parce que créer ça veut d’abord dire disposer d’un espace clos, silencieux, noir, apaisé, pour répéter. A Paris, sans moyens, c’est de l’ordre de l’impossible. Et nous sommes malheureusement parisiens.
• Le LoKal prétend, avec simplicité, répondre à quelques évidences artistico-socio-professionnelles.
PREMIÈRE ÉVIDENCE : Par définition, notre belle jeunesse parisienne ne les a pas, les moyens. Le LOKal doit donc être mis à disposition gratuitement et non pas être loué.
SECONDE ÉVIDENCE : Pour que le service rendu soit complet, il faut pouvoir y présenter les œuvres concoctées à des spectateurs, pour qu’elles s’élancent, on l’espère, vers d’autres cieux, c’est à dire d’autres spectateurs.
TROISIÈME ÉVIDENCE : Les dites œuvres ont le droit d’être « en cours », d’être des brouillons, des in progress. Elles ont aussi le droit d’être de définitifs chefs d’œuvres, on ne leur en voudra pas. La décision de montrer ou de ne pas montrer appartiendra aux artistes invités.
QUATRIÈME ÉVIDENCE : Le but c’est de montrer un genre de spectacles que les spectateurs ne réclament pas parce qu’ils ne savent même pas qu’ils peuvent exister.
CINQUIÈME ÉVIDENCE : Il ne s’agit donc pas d’une plaisanterie, mais d’une nécessité sociale et politique. Il s’agit de contribuer à la lutte permanente contre les violences qui nous traversent.
Ces violences véritables appellent désespérément notre violence théâtrale en contre feux. Voilà notre arme de dissuasion : notre puissance théâtrale.
• Rencontrer des « premiers regards »
• Soutenir des premiers travaux
• Aider aux métiers de et autour du plateau : Le Grand Bazar des métiers et des projets, suivi des Weekends Compagnies
Le LoKal nous permet d’apporter des soutiens accrus, artistiques, stratégiques, administratifs, techniques, ou des soutiens dans la recherche de publics, de liens vers les professionnels. Il offre un espace et un temps qui échappent au « marché », aux oppositions de générations, de genres, de labels, de goûts, de rentabilités diverses.
C'est pourquoi nous souhaitons expérimenter, le temps d’une saison, un dispositif de deux parcours, dédié aux artistes intéressés.
- Le premier parcours, « Le Grand Bazar des métiers et des projets », est destiné à huit compagnies que nous invitons à débattre en profondeur avec tous les corps de métier du théâtre, dans un turn over dynamique avec les professionnels de La Compagnie.
- Le second parcours, « Les Weekends Compagnies », concerne trois compagnies issues du « Grand Bazar ». Il approfondit les pistes lancées dans le premier. Nous partageons notre expertise, nous témoignons de notre expérience et mettons à leur disposition les savoir-faire de l'ensemble de l'équipe de La Compagnie. Le processus sera réciproque : nous sommes bien certains de nourrir nos pratiques des leurs. Et bien sûr nous prévoyons des présentations publiques de maquettes de ces trois compagnies.
Le souci de l’AUTRE : les acteurs.trices
Le LoKal, machine principale pour soutenir le travail de l’acteur créateur
Ceux qui suivent mon travail le savent, je demande beaucoup aux acteurs. C’est parce que je reçois beaucoup d’eux. Depuis toujours ils m’apprennent. Je ne conçois pas le théâtre sans un acteur libre de lui-même, de ses imaginaires, de ses chairs, de ses plaisirs, et de son talent pour en avoir l’usage et la maîtrise. Ce que j’appelle un acteur créateur.
• Poursuivre les stages de formation professionnelle
• Donner aux actrices, aux acteurs la possibilité de brouillonner et de montrer des projets de spectacles
Le souci d’un art AUTRE
Le LoKal, machine principale pour fabriquer un théâtre qu’on ne peut pas faire ailleurs
- Temps nu avec texte
On a conçu le LoKal pour permette la fabrication et la représentation d’œuvres qu’on ne pourrait pas fabriquer et montrer ailleurs. C’est l’idée, c’est l’utopie. La preuve par l’exemple : on va créer une sorte de festival, de temps fort, que je nomme « Temps nu avec texte », qui aura lieu tous les ans, et dont la particularité très particulière sera de présenter des spectacles dont tous les acteurs seront nus, mais avec un texte à jouer. Je proposerai donc, à chaque édition, à une dizaine de metteuses, metteurs en scène, de présenter des spectacles répondant à deux dogmes impérieux. Dogme premier : Nus, tous les protagonistes du plateau seront nus. Dogme second : Un texte, devra y être proféré, quel qu’il soit, mais un texte.
- Le LoKal pour fabriquer nos spectacles qui se jouent aussi dans d’autres théâtres
Bien évidemment nous utiliserons le LoKal pour concevoir, fabriquer et éventuellement représenter mes spectacles, mais bien évidemment ces spectacles continueront à se jouer, du moins l’espère-t-on, dans le plus de théâtres possibles. Je vous présente un rapide déroulé de mes prochains projets.
Le souci de l’AUTRE : les publics, les territoires
Notre très grand souci des territoires où nous jouons
Depuis toujours La Compagnie a la passion d’une quête, d’une conquête toujours nouvelle des publics. Nous avons partagé cette passion avec toutes les institutions théâtrales avec lesquelles nous avons été associés.Ce travail de territoire, nous entendons bien le mener à partir de notre LoKal. Nous utilisions leurs implantations territoriales pour développer toutes les formes possibles de contact avec les publics. Ce n’est pas pour rien que nous avons choisi un lieu à cheval entre Saint-Denis et Paris. Le nom de la station de métro, Saint-Denis porte de Paris, dit tout sur notre choix de territoire. A cheval, nous sommes à cheval sur deux territoires que nous connaissons très bien, La Seine-Saint-Denis pour l’avoir écumée pendant les dix années de notre association avec la MC 93, et Paris, d’y vivre depuis soixante-dix ans et d’y créer des spectacles depuis cinquante.
Jean-Michel Rabeux, janvier 2019
Au LoKal, il y a, il y a eu, il y aura...
Avec le LoKal, nous expérimentons deux champs de travail complémentaires : une fabrique de spectacles, une fabrique de spectateurs. D’une part nous inventons un espace et du temps de travail et de recherche en dehors du monde de marché dans lequel nous évoluons habituellement. Nous explorons des formes de non concurrence, entre les jeunes et les vieux artistes, metteurs en scène, acteurs, musiciens, danseurs, entre les compagnies labellisées ou pas, entre les hommes et les femmes, entre les formes artistiques. Nous décloisonnons les champs artistiques, nous croisons, entrecroisons les projets et les personnes. Le projet est de faire du LoKal un espace solidaire et transgénérationnel de création autant que de transmission, puisque, d’autre part, nous l’utilisons dans nos multiples contacts et travaux avec les spectateurs.
Ainsi, en 2020, son usage a été destiné à deux types d’utilisateurs :
Les artistes : metteurs en scène et acteurs
· En offrant la possibilité de répéter, d’essayer, de brouillonner, de chercher.
· En soutenant pour donner à voir le travail.
· En formant des acteurs professionnels : 3 dispositifs et périodes de formation, les Acteurs créateurs
Les publics : scolaires et autres
· En animant des ateliers de relations publiques.
· En accueillant le public venu voir nos spectacles au LoKal
Les principes de travail de notre lieu de fabrique sont basés sur l’expérimentation, le partage, les plaisanteries, les fragilités, la clandestinité, et surtout la spontanéité. Par conséquent, notre calendrier d’occupation est en mouvement permanent, il s’agit de l’état d’esprit de notre espace de travail.
Pour résumer
PARTAGE DU LIEU du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2020
Nombre de jours | Taux d'occupation | |
Occupation totale | 241 (sur 274 jours possibles) | 88% |
dont occupation par La Compagnie | 82 | 34% |
dont occupation par d'autres porteurs de projet | 159 | 159% |